06/12/2019

Nouvelle note d'analyse internationale sur l'année 2019 : une année de veillée d'armes

A l’occasion de la première semaine de la COP 25, Bettina Laville, présidente du Comité 21, propose une note d’analyse internationale. L’année 2019 a marqué un tournant dans la diplomatie climatique, au vu de l’ampleur des catastrophes naturelles et des enjeux d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques, mais aussi de protection de la biodiversité, après les appels, plus qu’alarmants, de la communauté scientifique...

On retiendra sûrement l’année 2019 comme celle où les alarmes des scientifiques, et la prise de conscience de la société civile, particulièrement dans la jeunesse a été sans précédent. Il aura fallu, depuis la conférence de 92, presque 30 ans, une organisation diplomatique et des observations scientifiques totalement inédites, aussi inédites que le phénomène du réchauffement climatique, pour que sonne l’heure du combat véritable.  

L’année 2019 a été marquée par de nombreuses catastrophes naturelles, avec des gigantesques incendies, qui ont détruit des pans entiers de l’Amazonie ou de forêts africaines, de multiples inondations, des pics de température insoutenables comme en Inde, des cyclones comme Kenneth et Idai en Afrique Australe, et une fonte de l’Arctique sans précédent.  

Cette année aura vu aussi toutes les nuances des mobilisations : des marches du climat aux appels des scientifiques, des engagements des entreprises aux différents Green New Deal, des annonces d’apocalypse aux menaces d’effondrement, les peuples réagissent du Nord au Sud de manière différente mais dans l’angoisse. La palette est large, de l’apocalypse annoncée à l’écologie souriante souhaitée par le premier ministre français à l’ouverture de la COP 25.  

De l’expression plastique qui se trouve dans le texte de la convention sur les changements climatiques et dans celui de l’Accord de Paris, à savoir la « riposte » contre le réchauffement, les dirigeants passent à un vocabulaire guerrier, et l’on en est maintenant à la guerre contre la destruction de la terre.  

Mais, à l’ouverture de la COP 25, le Secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a aussi souhaité que : « l'Humanité mette fin à sa guerre contre la nature », citons-le, « depuis des décennies, l'espèce humaine est en guerre contre la planète et la planète rend coup pour coup. Nous devons mettre fin à notre guerre contre la nature et la science nous dit que nous pouvons le faire », a déclaré António Guterres lors d'une conférence de presse.   

Mais cette guerre manque de munitions, et à New York comme à Madrid, le Secrétaire général a dénoncé les engagements « totalement insuffisants » de la communauté internationale pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, et fait appel à la volonté politique de donner un prix au carbone, d'arrêter les subventions aux énergies fossiles, d'arrêter de construire des centrales à charbon dès 2020, de passer d'une taxation des revenus à une taxation du carbone…  

Ce qui caractérisera 2019, c’est certainement « l’urgence climatique » décrétée par le Parlement européen quelques jours avant la COP 25, et la nécessité de conjuguer les actions de court terme, de moyen terme, c’est-à-dire 2030, et de long terme. Si la COP 25 s’illustre par sa devise : « Time for action », elle sera le jalon positif des grands rendez-vous de 2020, année où le monde doit augmenter considérablement sa décarbonation, stopper la destruction de la biodiversité, et … élire des dirigeants responsables devant les générations présentes qui, à force d’être convoquées, expriment aujourd’hui leur impatience devant les procrastinations diverses.

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